En août aura lieu l'excursion d'été de mon département, que je vais malheureusement sécher pour un séminaire "writing scientific English" - je suis trop sérieuse, on dirait.
Dans les sorties proposées, la visite d'une brasserie, et celle du cimetière juif du quartier de Weissensee. J'avoue que j'avais coché la brasserie dans Doodle, me disant que c'était moins facile d'y pénétrer "seule" que dans le cimetière.
Cependant, après avoir visionné avec Dômeu le documentaire copié par une collègue - rencontrée au théâtre - à propos de ces lieux, je trépigne maintenant d'impatience à l'idée de marcher avec respect entre les tombes, sous des arbres faisant ressembler le tout, aux premiers abords, à une forêt vierge, selon un homme venu rendre hommage à ses grands-parents.
Sur le chemin du lac, le cimetière, bêtement nous sommes passés devant, le jour du Shabbat, c'est crétin, car évidemment c'est fermé. Au moins nous saurons y revenir, un dimanche.
Le documentaire "Im Himmel, unter der Herde" de Britta Wauer illustre en effet avec brio les différentes facettes de ce cimetière, le plus grand cimetière juif encore actif d'Europe, 42 hectares pour 115 000 tombes, fondé en 1880. Il a survécu aux nazis par manque de temps et aussi par peur d'un golem qui l'aurait hanté, coup de bol. Et il a survécu au projet de construction d'une énorme route le traversant aux temps de la RDA grâce à une mobilisation de Juifs. Tant mieux, car ces lieux sont vraiment passionnants.
Déjà un cimetière, c'est important, surtout pour les Juifs, pour qui une tombe est là pour toujours - ce qui avait rendu d'autant plus douloureuse la destruction du cimetière du centre de Berlin par les Nazis. Et comme le disait un rabbin, me rappelant une récente conversation avec la Nantaise, les enterrements sont des rituels cruciaux, bien plus que les mariages où tout le monde est déjà heureux. Alors prendre soin des tombes, comme le font des réservistes pour des soldats par exemple, ou encore comme le faisait l'organisation de la jeunesse de RDA, est une bonne oeuvre. Dans le documentaire on voit également des lycéens venir se renseigner, dessiner les plaques, une jeune fille créant même, de retour en classe, un dispositif pour imprimer sa propre plaque sur du papier, le choix d'y indiquer une date de décès étant laissé à chaque personne.
Ensuite, celui-ci a survécu au nazisme donc. Au début, avant la déportation massive, il permettait par exemple aux enfants d'employés d'y trouver des camarades de jeux, les autres Allemands ayant pour consigne de ne pas jouer avec des Juifs. Des victimes du nazisme sont bien sûr enterrés dans ce cimetière, une séquence émouvante du documentaire montre un survivant vivant aux Etats-Unis fondre en larmes sur la tombe de ses proches, visitée pour la première fois, en disant qu'il ne sait pas pourquoi lui a survécu, mais qu'il se doit de perpétuer la famille et ses traditions. Pendant la séparation de Berlin, le cimetière était à l'Est, y apporter les corps de l'Ouest n'était pas simple mais faisable.
Enfin, le documentaire nous dévoile des éléments auxquels on n'aurait pas pensé. Une famille vit ainsi dans une maison dans le cimetière, et explique qu'elle doit simplement respecter les lieux, en n'y faisant pas d'entraînement de course à pied par exemple (remarquez, cet hiver j'ai cru m'étrangler en lisant dans le Runner's world allemand qu'on pouvait toujours trouver des endroits déneigés pour courir, par exemple des cimetières). La mère parle des animaux qu'elle y voit, renards et écureuils par exemple. Pour finir sur une touche mignonne à croquer, le film montre un duo de spécialistes des vautours qui vient étudier la population du cimetière, en montant aux arbres, prenant les bébés, les caractérisant et les remettant en place, et nous apprend ainsi que si un vautour, c'est plutôt inquiétant, un bébé vautour, ça vaut un bébé loir qui dort.
Bref, un chouette documentaire, qui appelle une visite des lieux, à rajouter sur notre liste longue comme le bras de projets de sorties à Berlin.
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