Dimanche (dernier) pluvieux, jambe pas au mieux, tout cela appelait une bonne séance de cinéma. Dans la liste des films diffusés dans notre quartier, j'en ai remarqué un à propos d'un homme dont j'avais vaguement entendu parler : Murat Kurnaz, un Allemand d'origine turque emprisonné 5 ans à Guantanamo pour rien. Pas de bol pour lui, mais comme le disent certains, tant mieux qu'il soit maintenant sorti de là et en mesure de témoigner sur son expérience et de s'engager ainsi contre la torture.
Murat Kurnaz était au départ un mec pas forcément bien parti dans la vie, un peu perdu, videur sans repères après le meurtre d'un de ses collègues et amis. Il s'est alors tourné vers l'Islam, et pour bien faire les choses, s'est envolé vers le Pakistan pour passer quelques semaines dans une école coranique. Manque de chance, là-bas, fin 2001, à un point de contrôle, il est arrêté par des forces de sécurité paskitanaises et vendu aux Américains en Afghanistan, qui ensuite trouveront louche qu'il soit ami avec un type soupçonné de terrorisme - contre lequel rien n'a pu être prouvé non plus, si j'ai bien compris. Une erreur judiciaire qui rappelle celle contée par Présumé coupable, mais en pire si j'ose dire, les conditions de détention dans la prison de Cuba étant terribles.
Le film, construit sur l'autobiographie de Murat Kurnaz, se concentre sur les deux premières années de détention du jeune homme, sur les interrogatoires avec un Américain tentant tout pour le faire craquer, sur la torture psychologique et physique. Pas le temps de s'ennuyer en suivant son histoire, du temps pour se poser des questions en revanche, pendant la diffusion et sur le chemin du retour - ralenti par ma forme pas olympique du tout. Qu'est-ce qui est vrai ou pas ? Que faire des terroristes et des soupçonnés de terrorisme pour assurer la sécurité des autres sans enfreindre les droits de l'homme ?
[Photo de Wikipedia, détenus à leur arrivée dans la prison.]
Une réponse à la première question : sans doute beaucoup de choses sont exactes. Ce qui nous a vraiment surpris, c'est que dans cette prison, ça ne rigole pas, et ça dépasse les bornes des limites en terme d'absence de respect envers les prisonniers. Quant à la seconde, hé bé pas simple, et si Barack n'y trouve pas de réponse digne de ce nom, je ne vois pas comment je pourrais y arriver. Il ne nous reste qu'à continuer de croire que respecter les droits de chacun est possible, et qu'à rester profondément convaincus que c'est extrêmement important. Même les pires ordures méritent d'être bien traités, dans toutes les prisons du monde, de Fleury-Mérogis à Guantanamo en passant par les Baumettes.
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