Ou
l'envers du décor, comme dirait Dômeu : hier soir, alors que d'élégants
spectateurs quittaient l'opéra du théâtre Schiller, pas beaucoup plus
loin de notre demeure que le théâtre de la semaine dernière, nous nous
sommes glissés dans les coulisses pour une visite guidée ma foi fort
intéressante. [Et en plus c'était mon idée pour agrémenter le week-end de visite d'un ami allemand, comment je suis trop forte, et puis c'était même pas cher, lalala.]
Notre
guide était un passionné, employé de l'opéra national normalement situé
sur l'avenue Unter den Linden, mais déplacé pour travaux dans ce
théâtre, et ce pour plus de temps qu'initialement prévu, normal j'ai
envie de dire, vu le retard des travaux de mon futur lieu de travail pas
loin de chez moi contrairement aux bâtiments de rechange, ou de ceux de
l'aéroport. Les retards du BTP, à Berlin, ce n'est pas rien ! Normal
mais gênant : pour l'opéra national, cela signifie des contraintes
logistiques importantes dans ce théâtre certes adapté mais bien petit, rien que le stockage des costumes est problématique. Cela implique aussi logiquement des pertes financières, la salle accueillant moins de spectateurs que
l'opéra officiel pour les mêmes coûts fixes, et l'ouverture repoussée
obligeant des annulations de contrats.
Bref, il nous a fait
un peu pitié tout au long de la visite, ce guide, et on s'attendait presque à une quête de charité à la fin, mais il a aussi su
nous montrer que le lieu actuel est bien utilisé avec des ruses de sioux, et nous transmettre
son enthousiasme pour l'opéra. Cela tombe bien, le grand frère de Dômeu
lui ayant offert deux places pour Noël pour un spectacle en avril dans
un autre opéra à deux pas de chez nous aussi (je vais devenir chauvine
tellement notre logis est au centre d'activités fantastiques), youpi ha, enfin si c'est moi que Dômeu emmène avec lui.
Le guide nous a emmenés voir la perruquière, ce n'est pas le seul métier invisible révélé à nous ce soir-là. Je n'avais jamais pensé à cette problématique de coiffures amovibles, au travail minutieux de leur assemblage, au fait que ça gratte ou donne chaud aux artistes. Et puis ça m'a fait un peu peur aussi, cette pièce avec des chevelures abandonnées sur de livides mannequins.
Nous avons eu également l'occasion de découvrir diverses pièces particulières, celles de rangement de décor, mais aussi celle-ci, la salle de répétition de l'orchestre. Comme la salle de spectacle, son accoustique a été parfaite par des aménagements sur les murs, encore un détail qui m'a fait dire "ah mais oui !", sans que j'y ai jamais songé avant, en allant à des spectacles.
Nous avons vu des loges très belles, comme celles des solistes, et très serrées, comme celles des non-solistes, qui ressemblaient plutôt à des salles de bains d'internat, ça casse le charme. C'est simple, si j'étais musicienne, j'aimerais être une star ou rien, pour avoir mon grand miroir à moi.
Pour finir, la scène ! Au début de la visite, lors de l'introduction menée par le guide depuis la salle de spectacle, nous voyions des ouvriers s'affairer, enlever le sol, en remettre un autre pour un spectacle de danse le lendemain, déplacer le décor... Et nous avons pu aller voir ce que ça donnait, d'y être. Hé bien ça rend admiratif de voir les systèmes de poulies et compagnie permettant de rapides changements de décor entre scènes et entre spectacles. Mais j'ai aussi noté que les artistes ont au-dessus d'eux des murs pendus à des fils quoi, et même si notre ami allemand m'a assuré que c'était du solide, ça m'a impressionnée : devant eux le public aux aguets, au-dessus d'eux des pans de bois menaçants, derrière eux des coulisses si "labyrinthesques" que le guide nous a recommandé dix fois de bien suivre, et que certains itinéraires d'artistes sont fléchés au sol. Bref, y'a plus qu'à chanter à sa place, quoi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire