Le titre de cet article est le nom de la dégustation de vins et fromages
que j'ai offerte à Dômeu pour son anniversaire, traduit littéralement.
"Tout fromage", en Allemand, ça veut dire bof, pas terrible, ce qui m'a
étonnée dès la première fois où j'ai entendu l'expression, dans la bouche de mon chef. En France, le
fromage, c'est sacré, et délicieux. Cette soirée oenologastronomique
(in vino inspirationas linguistiquas) hier a prouvé que ça peut
marcher en Allemagne aussi, avec du frometon français et des vins des
deux pays. Et puis elle a aussi prouvé que je fais des cadeaux de la
mort qui tue même quand je les choisis parce que je trouve le jeu de
mots sur l'actualité hilarant (in vino modestias).
Lui, c'est un classique ours berlinois, qui trône au milieu des bâtiments d'une ancienne brasserie, qui abrîtaient hier un cours de percussion, et bien sûr la soirée de dégustation, dans une boutique de vins nommée Paasburg, que j'ai tout simplement trouvée en googlant "Weinverkostung", débrouillarde de mon canapé.
La soirée avait lieu dans un coin du grand hangar, j'avais peur d'avoir froid, d'ailleurs j'ai gardé mon bonnet et piqué l'écharpe de Dômeu (en même temps je lui faisais un beau cadeau quoi), cependant il ne faisait pas vraiment frais, je suis juste frileuse - le soir uniquement (passionnant non ? merci en tout cas à mon compréhensif frérot pour le moelleux pull en polaire offert à Noël). Je craignais aussi que ça ne soit pas très convivial et douillet d'être dans un si grand volume, j'ai vite été détrompée. Sans doute à partir du moment où on m'a mis un verre de Riesling en guise d'apéritif dans la main et où nous avons pris place à côté d'autres jouisseurs avec lesquels le contact s'est aisément établi.
[Cette eau légèrement pétillante semble sponsoriser la boutique de vin.]
Dans le cas contraire, bien entendu, nous aurions fait les tourtereaux isolés parlant français, mais heureusement que nous n'en avons pas eu besoin. Nous avons causé avec un couple d'Allemands d'âge mûr devenus francophones après un long séjour au Maroc, capables de préparer leur itinéraire de vacances en France pour qu'il passe par le producteur d'un vin découvert ici, et qui nous ont demandé s'il y avait des soirées "saucisses bières" en France cette semaine ; avec un couple de retraités d'Hanovre envoyés ici par un cadeau de leurs enfants ; avec un duo d'étudiants parlant en anglais, l'un d'entre eux étant Américain - selon lui le problème des vins américains est qu'ils ne sont pas du tout vendus dans nos contrées ; avec un Berrichon venu avec son beau-frère, tous deux ayant reçu ce présent de leurs femmes, soeurs et Allemandes ; et avec un Allemand à barbe et moustache blanches, sans doute habitué de la maison, puisqu'il tutoyait la sommelière à qui il a porté un toast à la fin. Il y avait d'autres gourmands encore, mais trop loin de nous pour faire leur connaissance.
Après le petit apéritif déjà bien bon, la sommelière chargée de la soirée a disposé de grosses corbeilles de pain (miam du glycogèèène pour le sport - et de la mie pour éponger l'alcool certes versé avec parcimonie, mais auquel je suis peu habituée) et d'apétissantes assiettes sur la table : ces six morceaux de fromage ont guidé notre soirée, chacun accompagné d'un petit verre de vin et de commentaires de la sommelière sur leur origine et leurs caractéristiques. En partant du bas, et dans le sens des aiguilles d'une montre :
- du Saint-Maure - fromage au lait cru de chèvre,
- du gruyère (mais en fait, le vrai gruyère, ça a du goût...),
- du reblochon (quoi ? ça se mange sans patates et lardons, et c'est bon ?),
- du brie de Meaux,
- de l'Abondance (fromage au lait cru de vache, et thème de la soirée quoi, thème détesté dans la nuit à cause d'un sommeil bien perturbé par le vin et le fromage fermenté, et puis thème aimé de nouveau au matin en se disant que quand même, ça en avait valu la peine)
- et du roquefort.
Des fromages bien miam quoi, avec la palme d'or de notre part à tous les deux pour le gruyère, une belle redécouverte.
Un petit mode d'emploi répété à l'oral par la sommelière nous a indiqué que pour goûter un duo, il fallait d'abord boire un petit peu du vin en faisait bloubloublou dans la bouche (je ne trouve pas le mot français et je trouve ceci très clair), puis de goûter un morceau de fromage, puis de manger ensuite les deux ensemble afin de remarquer les effets de leur alliance, par exemple un vin qui prend une tonalité sucrée absente lorsqu'il est dégusté seul. Intéressant ! Et le tout dans cette ambiance bavarde et détendue qui nous berçait autant que nos boissons.
Avec les fromages, plutôt des vins blancs, mais du rouge aussi, dont un à tomber par terre j'ai trouvé, sans aucune amérité, il s'appelle Cuvée Mano Negra QbA de Philipp Kuhn de Pfalz et accompagnait le brie. Dômeu a pour sa part trouvé le Chardonnay d'Ellermann-Spiegel de Pfalz aussi (hé mais en fait nous pourrions aller en vacances là-bas !), servi avec le gruyère, excellent. J'ai aussi beaucoup aimé le très sucré Riesling de Weingut Gutzler qui accompagnait le roquefort, mais le rouge m'a plus marquée, je suis habituée à mon goût du vin blanc sucré, alors qu'un coup de coeur pour du rouge, c'est plus rare.
Les trois autres vins étaient français, mais apparemment, en cette semaine d'anniversaire, ce qui nous plaît, c'est le mélange des cultures (de pays, de bactéries et levures dans nos pauvres bidons). Comme quoi même pour de rire nous l'aurons célébrée, cette amitié franco-allemande. Prosit!
Il faut aller voir à cette adresse pour le "bloubloublou" on parle, semble t'il de "gargouillis"
RépondreSupprimerhttp://www.laguinguette.com/lejournal/2004/12cult/index.php
Jean
Merci d'enrichir mon vocabulaire ! Selon l'article j'ai l'impression que j'aurais dû dire "mastiquer le vin", terme étrange !
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