[Il manque une syllabe parce que j'y suis allée toute seule, à Amsterdam. Commencer par un aussi bon jeu de mots me permet sûrement de vous motiver pour lire la suite. Non ?]
Je suis une petite veinarde cette année. Après une conférence à Freiburg en mars j'ai eu la chance de participer à une conférence à Amsterdam la semaine dernière, internationale cette fois-ci, sur la dynamique des maladies infectieuses. J'y ai entendu des choses passionnantes, discuté avec d'anciens collègues et de nouvelles connaissances, présenté un poster sans voir trop de gens s'y intéresser, et écouté mon ancienne encadrante de stage à Lutèce présenter mon projet à un public forcément captivé. Mais je ne vais pas vous embêter avec ça. Enfin si, sachez que j'ai osé féliciter Marcel Salathé pour son cours Epidemics sur le site Coursera et que ça m'a donné l'impression de parler à une star, trémollos dans la voix included. Breeef. J'ai aussi pu découvrir un peu une belle ville et un pays tout nouveau pour moi.
J'ai pris peu de photos, mais en voici quand même quelques unes. Le premier jour, grâce au commencement tardif de la conf, j'ai suivi sur un plan gratuit le parcours d'un circuit audio, en courant, sans commentaires audio, allant à petite vitesse et m'arrêtant regarder la carte, observer les monuments, demander mon chemin à des passants en me retenant de parler Allemand. Apparemment quand je dois parler dans une langue étrangère par réflexe je parle Allemand. Je sais que le peu de cours de Néerlandais que Dômeu et moi avions suivi n'allait pas m'aider, mais parler Anglais, ça fait mieux quand même. Une seule fois un passant ne parlait pas Anglais, alors je lui ai dit avec une prononciation néerlandaise approximative ce que je cherchais et il a compris. Victoire, je sais dire Blauwe Theehuis.
Ce même jour, j'ai visité la maison d'Anne Frank, celle où elle et sa famille et leurs amis se sont cachés des Nazis avant d'être dénoncés par on ne sait pas encore qui. Je sais qu'on ne sait pas grâce à une revue GEO offerte par Dômeu peu avant mon départ, sur Amsterdam et les villes voisines. La visite m'a beaucoup émue, ça fait drôle d'être dans les lieux et de vraiment se demander comment c'était.
Le midi, je me suis nourrie d'une spécialité avec de la viande, honte à moi : sandwich aux boulettes de viande (une de chaque côté, à cette taille on devrait dire boule) et au beurre de cacahuètes. Pas mal du tout ! Même si c'était du pain mou, comme beaucoup de pain là-bas, en revenant ici samedi j'ai cru mourir de bonheur en croquant dans un petit pain. J'ai eu l'idée d'un livre d'ailleurs. "La première bouchée de pain allemand et autres énormes plaisirs". Bizarre que personne n'ait déjà eu cette idée.
Après ce premier jour j'ai arrêté le tourisme, me contentant de footings quotidiens dans la ville endormie et surtout de la lecture d'un ouvrage passionnant sur les Pays-Bas, écrit par une Allemande vivant avec un Néerlandais. Ne pas dire Hollandais, la Hollande n'est qu'une partie du pays, selon elle ça vexe les autochtones, cette perpétuelle confusion. En revanche notre président ne s'appelle pas Néerlande. J'ai eu l'idée d'acheter ce bouquin sur ma Kindle grâce à son résumé dans la revue offerte par Dômeu. C'était génial de le lire et d'apprendre des choses que je n'aurais pas sues, enfermée dans l'hôtel de la conf.
J'aurais vu que les cyclistes sont ici rois et sans casque/lumière/vergogne, mais pas fait gaffe au nom de la chaîne de supermarché la plus connue, Albert Heijn, ou à la vente de petits bonbons à la réglisse dont les locaux sont adeptes. Je n'aurais pas su que le cliché sur les Néerlandais est qu'ils sont radins, ceci à cause de la tradition calviniste. J'aurais ptêt vu que les fenêtres étaient énooormes, mais pas fait gaffe à l'absence de rideau. Avec l'auteur de Auf Heineken können wir uns eineken, j'ai fait un beau voyage, avec des points historiques plus sombres, comme Srebrenica, ou l'assassinat de Pim Fortuyn, ou celui de Theo Van Gogh. Sur la famille royale j'étais cependant déjà bien au point, au moment de la passation de couronne j'avais lu quelques articles.
Ah et gros scoop pour moi, la chaîne de magasins Hema, qui en France vend surtout des meubles et de la déco, forme de véritables supermarchés ici, et est néerlandaise. Avant je me demandais toujours si c'était du Suédois avec une faute, le suédois hemma pour l'anglais home.
En résumé, la prochaine fois que je pars dans un nouveau pays, je veux lire un tel livre, pour m'instruire avec le plaisir de suivre le parcours personnel d'une écrivain au ton agréable.
Evidemment, à Amsterdam on voit pas mal de drogues, et ça sent le cannabis assez souvent dans la rue.
Illustration gracieusement offerte par Dômeu
En revanche je n'ai pas vu le quartier rouge. Je n'ai pas cherché à le voir, non plus.
Quant à la ville elle-même, je suis vite tombée amoureuse des canaux, enfin une fois que j'y ai pris quelques repères évitant de me perdre. Et aussi de ce côté-ci j'avais un peu peur de tomber dans l'eau. J'ai aimé le côté presque village, tout petit tout mimi, du centre-ville.
Tout petit comme ma chambre d'hôtel en toc, dans laquelle l'armoire n'était que moyennement bien calée par des papiers pliés, heureusement qu'elle était en carton imitation bois. On notera aussi l'utilisation optimale de l'espace avec l'étendoir à serviettes au-dessus des toilettes, légère source de stress car ces toilettes étaient dépourvues de couvercle. M'enfin j'ai fini la semaine sèche et mes serviettes n'ont jamais touché le fond.
Je suis repartie ravie, de la conférence en elle-même et de ce petit voyage. J'ai lu un deuxième livre écrit par une Allemande installée dans ce pays, "Mordsgouda: Als Deutsche unter Holländern", dans la même veine que l'autre mais moins réussi, cependant assez agréable pour me permettre de compléter mon instruction et de dire au revoir en douceur à cette parenthèse néerlandaise. Au revoir, ou à la prochaine, je n'en serais pas fâchée, si je prends soin de bourrer ma valise de vraiii pain.
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