Lorsque j'étais en prépa, j'aimais bien regarder des émissions télévisées de Deutsche Welle lors de mes week-ends sarzeautins. Cela me plaisait beaucoup, que ce soit l'émission Politik Direkt sur la politique (trop dur à traduire, faut au moins un niveau C1 en Allemand), Europa aktuell sur l'actualité de notre continent chéri (encore une fois, traduction niveau master) PopXport sur la musique actuelle de ce pays, ou Kino sur le ciné. Cela m'aérait l'esprit. Je me souvenais d'un reportage sur le film Kirschblüten-Hanami qui m'avait donné envie de le voir. Le sujet du film est un homme récemment veuf qui fait un voyage au Japon en mémoire de sa femme, c'est en tout cas ce que j'avais retenu. Le film semblait touchant et plein de poésie, d'ailleurs il a été plusieurs fois primé, en Bavière et au niveau fédéral.
L'idée de le regarder s'était endormie dans ma mémoire entre deux exos de maths et deux coupes géologiques. Un jour ici, je suis tombée sur le DVD dans un magasin, et comme ici les DVDs sont franchement bon marché, c'est facile de craquer. Nous l'avons visionné avec ma prédécesseuse, et ce fut pour le moins... intéressant. Voire perturbant par moments.
L'histoire plus précise contée par le film est la suivante : Trudi apprend que son mari Rudi est condamné par sa maladie, et décide, sans révéler à quiconque y compris lui qu'il est gravement malade, de faire un dernier beau voyage avec lui. Ils partent alors d'abord chez deux de leurs trois enfants à Berlin, qui ont bien la flemme de passer du temps avec eux, puis au bord de la mer... où c'est elle qui oublie de se réveiller un matin au lendemain d'une jolie promenade des amoureux. Oui, y'a une histoire d'amour dans ce film. Même si au début en voyant la vie bien réglé du Bavarois partant tous les jours bosser avec le même pain garni et une pomme qu'il file à son voisin de bureau alors qu'il la prend en prétendant "An Apple a Day keeps the Doctor Away", on a du mal à voir en lui la poésie. Cette poésie se révèle lors de leur voyage quand il dit à sa femme que leur plus gros bonheur est de s'avoir - faut dire que leurs gosses ne les rendent pas particulièrement heureux. Nous nous sommes sentis tristes pour eux en voyant leur progéniture les rejeter.
Un autre élément important du film est la passion de Trudi pour la danse butoh, danse traditionnelle du Japon qui semble assez mystique, presque effrayante pour nous qui n'en saisissons pas les tenants et aboutissants. Comme l'a dit ma précédecesseuse il nous manquait des codes - pas des cases. Les séquences de danse n'étaient ainsi pas pour nous une partie de plaisir. Les danseurs butoh ont le visage peint en blanc et font des mouvements plutôt lents mais poussés - je veux dire, ils sont foutus comme des danseurs avec la souplesse et la force qu'il faut pour se tordre dans tous les sens. Si j'ai bien compris, c'est une danse de l'ombre, à forte dimension symbolique. Trudi en était dingo mais avait réfréné sa passion pour devenir une bonne mère de famille.
Rudi, secoué par son décès, réalise le sacrifice de sa femme, et ne sachant pas trop quoi faire pour aider son deuil, part à Tokyo où vit leur troisième enfant, pas franchement plus accueillant et sympa que les deux Berlinois. Là-bas, il est paumé, avec sa valise remplie d'habits de sa femme, mais commence à se balader, et rencontre une très jeune danseuse de Butoh qui danse avec un téléphone en plastique rose pour être en contact avec sa mère décédée. Ces deux personnages chahutés par la vie se lient d'amitié. A partir de là le film est moins triste, car on n'observe plus Rudi rustre comme avant le décès de sa femme ou paumé comme juste après, mais plutôt en train de retrouver une liaison avec elle par cette danse étrange.
Une histoire finalement pleine de poésie, donc, mais nous avons tous les trois été assez mal à l'aise. Les enfants sont des ordures. Ils sont d'une impatience incroyable. Après avoir perdu un parent, ils se rendent compte qu'ils se comportaient mal avec elle, sans pour autant prendre soin du parent restant. Cela me laisse pour le moins perplexe, sans vouloir jouer les bisounours.
A la fin, Rudi rejoint sa femme de l'autre côté de la rive, et son amie japonaise dit à son fils qu'il est à présent heureux avec elle, tous deux côte à côte comme deux nems. Ma précédesseuse trouve la comparaison chelou. Moi aussi : les samosas, c'est bien meilleur que les nems.
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