dimanche 18 janvier 2015

Karmageddon


Hier, Dômeu a tenu à aller voir le film „Interstellar“ en me disant qu’il était nominé aux Oscars et par conséquent sans doute bien fait (après avoir regardé en fait, c'est juste dans les catégories techniques, note de Dômeu). J’avais le souvenir d’une bande-annonce plutôt tentante, aussi ai-je accepté cette sortie, espérant être happée par une belle histoire. Alors que finalement, nous avons plutôt été happés par un trou noir de l’ennui. Heureusement, Dômeu a su redonner du potentiel dramatique à notre soirée par sa malchance.

[Alerte au divulgâcheur - spoiler en anglais.] [Pour la complétude, un autre spoiler nous a beaucoup plu]


 
Nous avions choisi un ciné à Potsdamer Platz, la place la plus moderne de notre chère ville, où nous avions d’ailleurs vu Gravity qui se passait également pas mal dans l’espace. Dans Interstellar, la planète bleue deviant de moins en moins habitable : y’a autant de poussière dans l’air que sur le haut de nos meubles, et seul le maïs peut encore pousser. Je me demande si les spectateurs ayant acheté du pop-corn ne pouvaient plus l’avaler à force de ne voir que du maïs à l'écran. La NASA décide de trouver une solution de sortie, par l’exploration de nouvelles planètes dans une galaxie rendue accessible plutôt rapidement par une sorte de défaut dans l’espace temps. Je n’ai pas compris grand-chose, en tout cas le protagoniste y part dans un vaisseau, donne l’impression au passage de ce raccourci spatio-temporel d’avoir été tiré avec la chasse d’eau de toilettes puis se retrouve dans la galaxie prometteuse, où une heure passée vaut plus que sur Terre : grosso modo, il a l’impression d’être parti en vacances un peu longues et quand il revient on a avancé de quelques générations. Heureusement qu’il avait emmené Anne Hathaway avec lui pour se la garder au frais.



À l'image du film, ce gif ne s'arrêtera jamais, tout en gardant un intérêt très limité...
 

Entre temps, par un habile système de communication d’un univers à 5 dimensions au nôtre par l’intermédiaire de deux montres, il assure avec sa fille restée sur Terre l’avenir de notre espèce – et de meilleurs repas que du maïs à la sauce maïs. Je n’ai pas été passionnée par le tout, trop sceptique, trop peu charmée – à part par le protagoniste mais apparemment ça ne suffit pas à sauver un film à mes yeux, surtout si le dit protagoniste me délaisse pour une brune. 


Dômeu, à la pause entre les deux bonnes heures de film, pourtant pas très enthousiasmé non plus, a refusé de partir – il sera puni, et m’a dit que c’était cool de voir un gros film parler des éventuelles conséquences de la pollution et tout. Ah. Je préfèrerais encore lire le rapport du GIEC je crois. 

Avant le début du film, j’ai plaisanté sur le fait que nous le voyions si longtemps après sa sortie. J’ai dit assez méchamment – quand je suis fatiguée je ne suis pas le Dalai Lama, loin de là – que c’était comme si nous habitions à <insérer le nom d’un petit bled breton>. J’ai dit qu’ à <insérer le nom d’un petit bled breton> le bruitage des films était encore fait à la cornemuse – quand je suis fatiguée en revanche je suis très drôle. Dômeu a renchéri en me parlant des sacs à vomi qu’on mettait autrefois pour les gens pas habitués aux images qui bougeaient. Rira bien qui rira le dernier… 


À la pause déjà Dômeu s’est levé, pas pour aller aux toilettes comme moi, mais pour sortir son corps de la torpeur due à la position avachie sur le fauteuil. Mon mari imperméable au luxe et au confort y est en fait allergique et apprécierait de voir des films dans des églises orthodoxes, debout. En effet, en sortant de la salle après la deuxième parte du film, il a commencé à se sentir mal comme si lui aussi avait subi une rotation très rapide dans une navette spatiale. Il a couru vers les toilettes dont il ne savait pas encore très bien où elles étaient, devant repasser devant les contrôleurs des billets… Bref, tout s’est joué à quelques secondes m’a-t-il dit. 


Mon pauvre époux a vomi par terre. Je pense que c’est une vengeance de <insérer le nom d’un petit bled breton>. Pendant ces quelques secondes, je n’ai heureusement pas vieilli de plusieurs années, mais j’ai fini par me demander si je devrais arrêter de me marrer intérieurement au  cas où en fait mon mari était à l’article de la mort en plus d’être nauséeux. Fort heureusement, il est revenu en presque pleine forme mais puant – j’ai passé mon tour pour les retrouvailles calines. Dans le métro, il m’a dit que nous donnions la preuve du cliché sur les Francais sales et malodorants – enfin lui. Je me dis plutôt que, vu les rires que nous échangions en parlant de cette sortie un peu ratée, nous montrions surtout notre humour national, et en se tenant a deux mètres l’un de l’autre, notre raideur bourgeoise. Un véritable moment de grâce comme dirait l’autre.

NB : Dômeu se porte depuis comme un charme et dormira bientôt - seul - sur une planche à clous pour éviter de se refaire un choc de confort.

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