jeudi 18 septembre 2014

Tchou tchou !

[À propos du titre : je n'ai pas su retranscrire l'onomatopée allemande. Karambolage donne quelques exemples d'Allemands imitant le train, dont je n'ai pas su reconnaître l'unité.]
Dômeu et moi aimons être des défenseurs du train contre l'avion, par amour de la nature et sans doute aussi pour nous gonfler d'orgueil. Pour vous convaincre du confort du train, j'aimerais pouvoir toujours avoir envie de sortir ma lyre et de chanter des poésies fleuries à la gloire des voyages sur les rails. Cependant, je ne sais ni chanter ni jouer de la lyre. En outre, je n'aime pas trop mentir, or en vrai, c'est pas rigolo tout le temps de préférer les locomotives aux cockpits - tiens et en plus ça pue l'anglicisme ce mot, baaah, pardon pardon habitacle.
Je peux juste vous dire que prendre le train, ça prend du temps ce qui n'est pas bien grave quand on peut en prendre, ça peut coûter le même prix que l'avion ce qui était le cas sur mon trajet Berlin-Stockholm-Berlin pour le boulot, et ça fait plus d'aventures à raconter, parfait pour moi qui vis pour notre blog [et les kanelbullar, note de Dômeu].
J'étais très déçue, à Stockholm, que les drapeaux ne flottent pas au vent, mais contente d'apercevoir ce qui je crois est le haut de la mairie.

Mon voyage a commencé par un départ en train de nuit vers Copenhague, au milieu de la nuit ou presque. Dômeu a pas mal veillé avec moi et m'a accompagnée jusqu'à la gare, ce qui est vraiment adorable de sa part. [Pense-bête pour moi-même : passer la bague au doigt de ce charmant chevalier.] Ensuite, ça a été le trajet habituel en train de nuit, dodo bercé par l'avancée du véhicule, tendrement séparée du monde extérieur par des bouchons d'oreilles. Au matin, j'ai pu discuter avec entrain avec ma seule voisine de compartiment, une Canadienne souriante et avenante, lui apportant son café en même temps que le mien. Un peu en mode tournage de pub pour le train de nuit - sauf que le train de nuit est condamné également sur cette ligne [leur pétition se trouve ici, note de Dômeu]. 

Arrivée au Danemark, le rêve a un peu continué avec d'autres rencontres sympathiques. J'étais ravie des cinq heures de train vers Stockholm qui m'attendaient car j'avais pas loin une voisine gentille rencontrée sur le quai et aussi plein de lecture et de l'eau et de quoi manger. Chic chic chic. Le train est parti, est arrivé en Suède par un pont, et là, sur la terre ferme... Bam, mal de mer. Je me suis demandé ce que j'avais mangé pour me mettre dans un tel état. Un de mes laitages du lundi ? Mon Kokos Barfi de la veille ? Mes petits pains du matin ? Toujours est-il que j'ai passé les heures suivantes à respirer fort en me tordant dans les positions qui me paraissaient agréables sur le moment, offrant sans doute un joli spectacle. En discutant ensuite de ce trajet avec mon chef, j'ai appris que ce train est connu pour pencher d'un côté puis de l'autre afin de prendre les virages plus vite. De plus, il paraît que voyager comme moi en sens inverse de la marche n'arrange rien.

Leçon apprise, donc, méfiez-vous des trains qui vacillent, au doux nom de trains pendulaires je crois - Neigezug en Allemand. Fort heureusement pour vous, je n'ai pas vomi. Comme je suis pourrie gâtée, la dernière fois que ça m'est arrivé je n'avais pas vingt ans et pas de blog, alors forcément ça aurait valu un article.



La seule chose qui me consolait était cette publicité sous la tablette devant moi. L'entreprise suédoise de paris sur les courses de chevaux se fait de la pub en vantant les bienfaits de l'équitation, par exemple sur l'éducation des enfants. Le texte commence par dire qu'il y a plus de chevaux que de vaches à lait et d'élans en Suède, ce qui m'amuse beaucoup. J'ai retrouvé ce mini cheval, qui dit qu'aucun rêve n'est trop grand, dans une publicité au cinéma. Il s'appelle Vinnie, a un nez d'élan donc, des cheveux blonds un peu trop longs, et rêve de devenir cheval de course, ainsi que d'avoir plein d'amis sur Facebook.


Au retour, j'étais dans le bon sens et me suis portée comme un charme, dévorant de la presse avec joie, mais me méfiant de toute secousse de mes entrailles. J'étais assez en forme pour prendre en photo le passage sur le pont entre Suède et Danemark, vous offrant par la même occasion la réponse à la question "Pourquoi les Suédois sont-ils aussi minces ?". Parce qu'ils peuvent acheter de l'eau finement pétillante au goût de glace à la fraise ou à la vanille qui déchire. Plus besoin du vrai produit, miam.
Bref, j'étais pas malade, et tant mieux, parce que mon changement de dix minutes à Copenhague était encore plus court que prévu et que j'ai donc dû courir ou clopiner vers mon ICE  - ma grande stratégie pour supporter les longs voyages est de faire beaucoup de sport avant ce qui là signifiait courbatures aux quadriceps suite à un semi. Ou alors, je ne suis plus habituée à porter mes bagages parce que d'habitude Dômeu le fait ? Va savoir. En tout cas, j'étais ravie que le pari de la Deutsche Bahn de me vendre un ticket avec aussi peu de marge ait fonctionné.
 

Mon train de nuit à l'aller était passé par Amsterdam et la terre ferme. Au retour, je ne pouvais pas prendre de train de nuit et ai dû me rabattre sur deux tronçons, Copenhague-Hambourg puis Hambourg-Berlin. Si je connaissais bien la géographie, j'aurais bien vu qu'un raccourci malin était de passer par la mer pour rejoindre Hambourg depuis la capitale danoise. Comme je suis sympa et entre temps renseignée je vous colle une carte. Là où il y a le point rouge, y'a pas de pont.

Vue depuis le bateau.

Donc... le train prend le bateau ! Cool, non ? Un grooos bateau bien stable où je ne peux pas être nauséeuse, sinon forcément, mon enthousiasme serait minimal. Le train se rentre en soute comme un grand, et tout le monde descend ou plutôt monte vers les étages supérieurs du bateau. 
 Encore une vue depuis bateau.

Ensuite, y'a plus qu'à admirer la mer. Je ne suis pas sortie, je suis plutôt restée assise. J'aurais pu me lancer dans un magasin de produits détaxés, ou aller manger de la saucisse avec des frites, aussi. 

Au risque de fendre le coeur Dômeu qui rentre dans trop de jours et  à qui je ne pouvais donc pas rapporter de viennoiseries fraîches, j'avais ma fika avec moi. Ceci n'étant pas un kanelbulle mais un kardamombulle. J'espère que ça m'évitera le divorce ou un inconsolable chagrin de mon mari [snif, note de Dômeu].
Rittersport a un monopole sur la pub géante dans les gares, ou au moins m'en donne l'impression. Je n'ai pas encore vu de tablettes de cette taille à vendre.

Après ces aventures maritimes, il fut temps de reprendre le train, avant d'arriver à Hambourg. Là, clairement, j'en avais ras-le-bol. J'étais partie à 10h21 le matin et n'arriverais pas à Berlin avant 23h15. Je suis d'accord, on a vu bien pire comme destin. J'étais tout simplement devenue une petite pissouse qui voulait son lit.
Dans les trains suédois, un label indique que c'est bon pour la planète de voyager ainsi. Le même label peut indiquer que la fabrication d'un vêtement n'a pas fait trop de dégâts non plus.

Certes, j'aime la nature, mais pas quand je suis fatiguée. Je manque d'entraînement. La Canadienne m'avait parlé des différentes espèces d'ours, m'apprenant que l'ours polaire est le plus méchant. Par conséquent, j'avais pas trop pitié de lui à la fin de mon trajet. S'il a chaud, qu'il enlève sa polaire, et si mon train avait attendu son conducteur comme le train précédent sur le quai, il est possible que j'eusse eu envie de la lui faire bouffer, sa polaire. Merci à nos attentifs lecteurs de m'expliquer comment écrire cette phrase sans devenir cible d'une fatwa de Bernard Pivot.
 

Heureusement, au lieu de pleurer sur le sort des trains de nuit qui mine de rien font passer le temps plus vite en nous laissant tous ronfler à souhait, j'avais de quoi mettre en pratique une pub. Non pas du Rittersport à m'en faire péter la panse, mais ma Kindle Paperwhite avec le merveilleux roman "The Woman in White" de Wilkie Collins que ma prédécesseuse - le lien reste dans le thème - m'a vendu comme un Krimi avec du Jane Austen dedans, ce qui résume bien l'affaire. Je tiens à signaler que sur Kindle, ce classique anglais est gratos. 


Malgré la fatigue, le trajet est passé à toute allure grâce au roman. En deux temps trois mouvements j'étais à la gare centrale, attendant mon dernier train vers chez nous. Face à une pub pour le chocolat Rittersport, évidemment.

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