Bayerbesichtigung (Visite de Bayer)

Mon asso d'étudiants en sciences de la vie n'organise pas que des congrès scientifiques, son rôle premier est d'ailleurs plutôt de faire des liens entre étudiants et employeurs potentiels hors des universités, par exemple dans l'industrie pharmaceutique. Je n'ai pas comme projet actuel d'aller bosser chez un géant du médoc, mais visiter Bayer m'a semblé une activité intéressante et digne de sécher une demi-journée de vrai boulot.

Pour cela, j'ai dû enfourcher mon vélo pour aller dans un autre coin de mon quartier de travail Wedding (ceci ne signifiant pas que mon vrai boulot soit la préparation de notre mariage), coin où plusieurs rues semblent appartenir à Bayer qui y a racheté Schering. 

Merci Wikipedia.

Nous avons eu le droit à une visite axée biologistes bien sûr, orchestrée par deux thésards, une thésarde habillée en veste de tailleur lui donnant un air pro à en crever de jalousie (des épaulettes sauveraient-elles mes allures de lycéenne ? A tester), et un thésard moins sur son trente-et-un mais charismatique aussi. 

La demoiselle fait de l'immuno plutôt classique, testant l'effet de molécules dans des tumeurs implantées à des souris. Elle nous a parlé des nouvelles lois de protection des animaux et ça m'a plus intéressée que ses suspensions de cellules ou ses photos de cellules fixées. En effet, j'avais encore en tête l'image de tumeurs géantes sur de pauvres bestioles, maintenant la taille de ces méchants amats est limitée et assez riquiqui. Le véto végétarien qui nous a montré des cages de rats normaux, de rats immundéprimés donc sans poil et de souris, certains avec des tumeurs en croissance, d'autres avec des endométrioses opérées et donc des points de suture fendant mon coeur, nous a dit qu'il considérait que découvrir de nouveaux médocs contre des cancers lui semblait justifier l'utilisation de ces cobayes - alors que bouffer de la viande ne justifie pas l'élevage à ses yeux. Et qu'il veille au bien-être de ces bestioles qui en effet avaient l'air d'être en forme, d'ailleurs j'en aurais bien emportées chez nous tellement elles me semblaient sympas, même les rats sans poils. M'enfin c'est interdit par la loi et la raison aussi.

Cela dit, ça reste moyen de sacrifier des animaux, difficile de le nier, et heureusement, on développe de plus en plus de méthodes alternatives faisant miroiter un avenir meilleur. [En attendant en Allemagne y'a quasi trois millions d'animaux de labo, un peu moins que d'animaux d'élevage donc y'a du boulot.] 

Le thésard nous a dit que son boulot de meilleur caractérisation 3D des tumeurs y aidait mais je ne sais plus pourquoi, super journaliste que je suis. Ses travaux d'imagerie sont poussés et lui donnent de belles photos et vidéos pour ses diapos, avec par exemple les cellules du centre de tumeurs tuées alors même qu'elles sont en dormance, effet prometteur car les molécules actuelles épargnent souvent ces cellules qui après se réveillent et attaquent de nouveau, si j'ai bien compris. 

Son chef a suscité notre admiration avec ses énormes machines de caractérisation de tas de molécules à la fois à la recherche de candidats médicaments, dont un deviendra ptêt un jour un produit sauveur... et qui permettra de financer cette recherche qui s'apparente à chercher une aiguille dans une botte de foin. Et engraisseur d'actionnaires, ne nous voilons pas la face.

Après ces aperçus intéressants, une dame de Bayer nous a parlé des trois pôles de l'entreprise (médocs, agriculture, et matériaux de surface) et nous a enseigné de grandes vérités pas-si-on-nan-tes, par exemple l'entreprise ne se contente pas de définir des valeurs sur les lettres de LIFE mais elle les applique les amis. Beau discours, moi je croyais que l'acronyme serait FRIC. Mais en l'écoutant on voyait où postuler pour des stages et compagnie, justifiant le blabla, et on recevait un stylo et un porte-clé, chic .