dimanche 18 novembre 2012

Marathonstaffel (Marathon en relais)


[Ici Mahällö] J'ai couru mon premier marathon, ça y est ! Le titre de l'article me trahit déjà, je ne l'ai pas couru en entier, j'ai collaboré avec d'autres coureurs amateurs de mon institut, cadeau de notre employeur. 

Je n'ai appris que jeudi que je pourrais participer, il manquait enfin du monde, je n'étais auparavant que sur liste d'attente après que mon chef m'a prévenu de l'existence de cet événement en apprenant que je courais aussi. Dômeu dit que j'ai le chef de mes rêves. Pour l'instant ça a l'air vrai, il m'encadre bien, il est fort dans son domaine, il parle danois - c'est rigolo d'écrire danois-suédois, voyez-vous - et il est amateur de course à pied. Sans cela, en ce dimanche froid de novembre, je serais sans doute allée nager, mon genou gauche m'aurait remercié, mais je me serais moins amusée.

J'ai pris le métro trop tôt pour me rendre au point de rendez-vous, et j'ai retrouvé mon chef aussi en avance, qui m'a dit que j'avais la ponctualité allemande, ponctualité consistant à arriver trop tôt. Enfin, tous les Allemands ne sont pas ponctuels, j'ai vite compris qu'il faut toujours arriver avec quelques minutes de retard à notre réunion d'équipe par exemple, sous peine de poireauter bêtement. Mais la ponctualité de mes parents est ancrée en moi, et couplée à ma paranoïa, hé bé je suis rarement en retard, quoi.

Mon chef courait dans l'autre équipe de l'institut, et comme moi ne connaissait pas ses coéquipiers, pratique pour les retrouver, merci le téléphone. Comme la vraie organisatrice du Staffel à l'institut est en voyage d'affaires, personne n'avait pensé à un signe de ralliement. Mes proches qui essaient de me repérer dans une foule cherchent une chevelure blonde, ça marche bien même si ma chevelure est placée moins haut que celle de mon grand petit frère. Mais ici, même si nous ne sommes pas en Suède, être blond, c'est pas très discriminant.


Un marathon en relais, ça demande de beaucoup attendre. Pas de transat pour nous, mais nous avons pu réquisitionner une table pour les deux équipes. Le marathon avait lieu dans un lieu historique de Berlin, l'ancien aéroport Tempelhof, qui a servi au pont aérien approvisionnant Berlin Ouest pendant le blocus de 1948-1949. Le circuit était sur les pistes des avions, le village de la course dans un immense hangar. Dômeu et moi avions vu ce lieu depuis le parc de cet aéroport fermé lors de notre recherche d'appart en août, pas parce que nous envisagions y vivre, c'est plutôt pas mal d'avoir un volume moins grand à chauffer. Grand volume ouvert à tous les vents ce matin, il faisait frisquet. J'étais heureusement recouverte de 36 pelures comme un oignon, avec ma capuche de manteau de ski qui m'enlève toute vision latérale, pas pratique dans la rue quand je ne suis pas au bras de Dômeu.


Les deux équipes de l'institut étaient mixtes, donc "concouraient" dans la catégorie hommes, ce qui signifie cinq coureurs en tout et non six coureuses, pour couvrir 12,195, 10, 5, 10 et 5km respectivement, les plus grandes distances consistant en deux tours de piste. Mon équipe s'appelait "RKI Health Angels 1", rien que ça. J'étais chargée des premiers 10km, après un collègue rapide qui a fini ses 12km et des poussières en 48 minutes. Je me suis échauffée avec mon équivalent de l'autre équipe, et j'ai encore pu sentir la magie de l'échauffement en course à pied. On a toujours l'impression qu'on ne va jamais pouvoir devenir chaud, et en fait, si, ça marche, et on devient prêt à partir pour de vrai. Si, si, on ne grelotte pas tout du long. Parole de frileuse qui écrit avec un plaid sur le dos.

Le passage de relais n'en était pas vraiment un, puisqu'il suffisait de se taper dans la main, sans que ça soit réellement contrôlé, chacun portant une puce à la chaussure. La zone de passage de relais était particulièrement encombrée puisqu'il y avait un millier d'équipes aujourd'hui, mon équipe avait choisi d'agiter un parapluie orange non ouvert. Un grand écran permettait de visualiser qui allait arriver dans la zone d'échange du hangar, mon prédécesseur avait eu la bonne idée d'enfiler un t-shirt orange vif, et avait bien estimé son temps de course. 


Une fois partie, je savais que je ne devais pas m'attendre à découvrir des paysages magnifiques. Courir sur des voies d'atterissage et de décollage, ça n'est pas folichon, mais se faire doubler et doubler brise un peu la monotonie du trajet. J'ai pu lire les t-shirts des gens aussi, j'ai noté un "Vegan runner", en pantalon moulant pour montrer qu'on peut avoir des muscles quand même. Ouais mais pas manger de beurre, trop dur pour moi, désolée. Et puis j'ai fait gaffe à mon souffle, pas à mes mouvements malheureusement - je fais maintenant partie d'un club de course à pied où une de mes camarades m'a listé mardi tout ce qui cloche dans ma technique, j'ai du pain sur la planche, puisque ma foulée, ma position de bras et ma courbure de dos sont à revoir, oui oui tout ça


J'ai topé dans la main de mon successeur environ 50 minutes après être partie, j'étais bien contente, par contre ça aurait pu être bête parce qu'avec mon estimation plus pessimiste, mon  successeur venait par hasard d'arriver dans la zone de passage de relais. Après ça, j'ai enfilé des vêtements secs - sans me laver, hé oui, je suis crade comme ça - j'ai attrapé une bière sans alcool au stand gratuit - même pas mauvaise, en même temps avec les endorphines de l'arrivée j'aurais ptêt apprécié une infusion à la camomille alors que je trouve en général qu'on dirait du foin  - et je suis allée dire bonjour à l'entraîneur de mon club, tout excité par les résultats des trois équipes, deux de femmes et deux d'hommes, extrêmement bien placées. Quand on court 5km en 19 minutes, pas très étonnant. Je cours plus derrière qu'avec mes camarades sur le stade, mais je les aime bien, ça me fait progresser et puis personne ne se moque de moi comme au collège. Même pendant les exercices de coordination qui ne sont, euh, comment dire, pas simples pour moi.

J'ai ensuite rejoint les équipes plus détendues de mon institut, bavardant en attendant les départs et arrivées des uns et des autres, qu'on ratait presque toujours à leur passage dans le hangar, mais le coeur y était, nous faisions des encouragements télépathiques. Après 3h12  notre dernier coureur, mari d'une salariée de l'institut parce que personne d'autre ne se portait volontaire pour le poste de 5km libre vendredi, est arrivé, nous avons fait une belle photo, et puis je suis rentrée avec Dômeu venu voir le bâtiment, déçu de ne visiter que le hangar. Maintenant, je boîte, mais fichtre, je ne suis pas trop fatiguée après un marathon entier, quelle fierté.

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